Comment ne pas être maladroit avec une personne qui a un cancer ?

PAS QUOI TE DIRE

LES MOTS QUI PEUVENT BLESSER OU NE NOUS AIDENT PAS FORCEMENT

Qui ne s’est pas demandé face à une personne qui a à un cancer « on ne sait pas quoi dire, on n’a peur d’être maladroit »

Certains de peur de gaffer vont éviter la conversation en essayant un timide « bonjour » en essayant de ne pas dire le mot réflexe « çà va ? »

D’autres oseront demander comment vous allez en ayant parfois peur de la réponse.

Les plus téméraires essaieront de trouver la phrase qui pourrait éventuellement vous remonter le moral et c’est là que parfois la maladresse se présente;

On pourrait croire parfois qu’à partir du moment où on a une maladie grave, on ne parle plus la même langue. Parfois, il suffit simplement d’être naturel, comme avant même si ce n’est pas toujours évident

Alors, ici je veux juste dire quelques mots sur ce que justement on n’a pas forcément envie d’entendre si çà peut aider à mieux nous comprendre ! Ce n’est aucunement une critique, ni pour blesser les gens mais au contraire pour les aider à mieux communiquer avec nous.

Quelques phrases en rouge à éviter. Cela n’engage que moi mais je pense que beaucoup ressente la même chose. Je vous invite d’ailleurs à lire ce lien d’une femme qui a un cancer du sein qui explique aussi ce qu’elle ressent :

IL FAUT QU ON VOUS DISE

Tout d’abord on n’a pas forcément envie de réponses, une simple écoute bienveillante suffit. Souvent, les gens quand vous leur parlez de votre maladie ou de ce que vous supportez, souhaitent vous remonter le moral et ont tendance à essayer de trouver quelque chose de positif dans la maladie. Mais comme me l’avait dit la femme d’un malade d’un forum : la pensée positive pour le cancer n’est pas adaptée car on vit des moments de douleurs, de doutes, d’angoisse des résultats, on ne peut y échapper. C’est une pensée réaliste qu’il faut avoir, ni négative ni positive : alors il est parfois pénible qu’on nous dise à tout bout de champ même si dans une bonne attention :

« faut avoir le moral !!!! »  car

1 on le sait (mais comme tout le monde on le perd parfois et y a de quoi)

2 et ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas que le cancer va prendre le dessus comme beaucoup le pense : les gens qui se battent sont positifs s’en sortiront mieux. Dans le cas contraire, la maladie pourrait prendre le dessus. Mais là on confond : ne pas avoir le moral et baisser les bras, abandonner le combat ce qui est complètement différent.  Par ailleurs, j’ai vu des personnes se battent, ne rien lâcher, accepter tous les traitements, vivre malgré tout et pourtant la maladie a gagné !

Une autre phrase que j’ai entendu :

« tu seras plus forte après !!!! » après quoi ? après avoir eu le cancer ? Vous croyez vraiment qu’on avait besoin de çà pour l’être !!!! Oui on sera plus fort face aux petits bobos quotidiens, aux petits soucis mais croyez moi comme tous on aurait aimé ne pas l’avoir !

c’est comme :

« ce qui ne tue pas, rend plus fort. »Cette phrase, je l’emploie souvent mais jamais au grand jamais à des personnes malades graves ou handicapés ! ah oui, c’est vrai, on se plaindra moins pour les petits bobos, on sera plus fort face à des petits ennuis quotidiens, mais la maladie et les traitements affaiblissent plus physiquement et moralement qu’ils rendent plus fort !

Enfin les 2 dernières ne sont pas blessantes mais à la longue deviennent inutiles pour la première et pénible pour la seconde.

« de toute façon ,t’es une battante, une warrior » je sais que c’est pour encourager et que cette phrase est bienveillante mais pensez que parfois çà ne suffit pas de l’être et surtout on n’est pas si forte qu’on en a l’air bien au contraire. Cette maladie affaiblit le corps et l’esprit. Acceptez justement qu’on ne le soit plus, qu’on ait des faiblesses n’est pas si facile même pour nous même mais c’est la réalité

« t’as de la chance quand même de ne pas avoir perdu tes cheveux » (parce qu’il est vrai comme moi avant, tout le monde pense qu’on les perd : cela dépend des traitements ; celui du colon ne fait pas perdre de cheveu)

oui c’est vrai je le reconnais je peux cacher ma maladie on ne devine pas que j’ai un cancer c’est une chance par rapport à ses femmes qui les perdent avec leur féminité ce qui est terrible. Encore, une fois c’est essayer de trouver le côté positif de voir le verre à moitié plein ! Mais, honnêtement çà ne nous aide pas !

on n’a pas forcément envie qu’on nous dise t’as de la chance de

Mon docteur d’ailleurs m’a dit un jour : vous pouvez le dire vous, mais moi je n’oserai jamais vous dire que vous avez la chance de. Quand on a le cancer, on ne peut pas vous dire çà.

parce qu’on a d’autres effets secondaires invisibles dont on souffre

Peut-être certains penseront qu’on est devenu susceptible, à fleur de peau, sans doute un peu mais quand je lis certains articles de personnes qui ont eu cette maladie je constate que nous avons le même ressenti. Je me reconnais d’ailleurs dans celle-ci :

LE JUGEMENT ET LE REGARD DES AUTRES

ET L’APRES ?

Une fois que les traitements sont finis, beaucoup pense que la vie reprend son cours. J’ai entendu :

« çà ne sera qu’un mauvais souvenir ! » alors que ces mêmes personnes à l’annonce ont ressenti comme un tsumami !

Ce ne sera pas qu’un mauvais souvenir ?? cette maladie laisse des traces psychologiques, physiques, et on n’es plus la même après cette épreuve. La vie peut reprendre son cours, mais on a cette épée Damoclès sur la tête même si on essaie de l’oublier !

et je vais rajouter aujourd’hui que lorsque nous avons fini un protocole, que vous nous voyez plus en mode végétatif, je comprends que vous soyez soulagés de ne plus nous voir dans cet état. Moi, aussi je suis bien contente que ce carcan soit terminé (il était temps d’ailleurs) mais ne croyez pas que çà va revenir comme avant, alors soyez encore attentifs, les proches, les amis, nous sommes encore très très fragiles, à fleur de peau. Notre corps a subi beaucoup de traitements, d’opération etc , il est usé, fatigué et moralement nous devons digérer tout çà ! On a encore besoin de vous et encore plus encore car nous n’avons plus les docteurs, psy, infirmières etc.

une autre phrase aussi qu’on me demande après les traitements c’est :

« tu reprends quand le boulot ? » : comme si on sortait d’une mauvaise grippe : on n’a plus les cernes sous les yeux on a repris un peu de force mais pensez qu’après des chimios, de la radiothérapie, des opérations,  le corps ne va pas s’en remettre rapidement . Le produit met du temps à s’évacuer et comme je l’ai dit plus haut il faut se reconstruire, retrouver ses repères.

Ce n’est pas parce qu’on n’est pas en mode « végétatif » que c’est fini que tout va bien ! Certes il faut profiter de ses moments de répit mais hélas à l’esprit l’épée Damoclès rode encore.

D’ailleurs, il est bien dommage qu’il n’y ait pas un accompagnement pour reprise d’un travail : pendant plusieurs mois, années les malades n’ont plus eu  de vie professionnelle, la vie sociale est réduite, le cerveau n’a plus fonctionné comme avant, le rythme de vie a changé; Alors ne vous fiez pas aux apparences, au physique derrière il y a beaucoup de faiblesses physiques et psychologiques, Ce n’est pas pour rien que l’on propose au départ un mi-temps thérapeutique. La reprise doit se faire en douceur, redonner confiance à la personne, la remettre dans le wagon sans trop d’exigence car oui elle est  à nouveau apte mais avec l’aptitude d’une personne qui sort d’une maladie grave avec ses lourds traitements

Ce qui est ambigu c’est qu’on essaie d’oublier la maladie en profitant de chaque instant mais qu’on arriverait presqu’à culpabiliser de s’amuser, s’évader de peur d’entendre « elle n’est pas si malade ». Or, on a encore plus envie d’accomplir des choses, des projets comme une urgence, conscient que tout peut s’arrêter à cause d’un nouveau traitement ou pire….

Ce texte l’explique très bien ET APRES ?

Mais comme la dame des impatientes, je souhaite remercier également ici toutes les amies qui me soutiennent comme elles peuvent car ce n’est pas évident je le sais. Pour les plus anciennes, je ne suis plus toujours la même, je n’ai plus les mêmes activités, envies et surement je ne serai plus jamais la même mais vous l’avez compris

MERCI DONC POUR TOUT CA :

Merci de me demander des nouvelles alors que vous savez que je vais mal et ce n’est pas facile à entendre (petite parenthèse :  merci de ne pas attendre un post sur Facebook pour s’imaginer que là çà ne va pas ou penser que tout va bien parce que vous voyez une belle photo mais les vrais amis ne le font pas)

merci de me distraire quand je vais un peu mieux en s’adaptant à mon rythme, ma fatigue mais en ne me considérant pas comme une malade

merci de me confier vos soucis, histoires pour que je me sente encore une amie qui vous conseille et qui me permet de rester dans la vie  !

merci pour vos conseils ou vos mots qui m’ont permis d’accepter mieux ma situation

merci d’être tout simplement là, présents à m’écouter quand j’en ai besoin et à me sortir pour garder une vie sociale !

J’ai la chance d’avoir des amis en or et mêmes 2 copines qui sont devenues de véritables amies qui sans elles j’aurai pu partir en dépression.

Bien sur merci au peu de famille qui me reste et la plus proche mon mari et mes fils qui endurent tout çà et qui se sentent parfois impuissants

Merci enfin aux doctinautes qui se reconnaitront qui me soutiennent, me comprennent depuis 2016

voilà ce n’est en rien un quart d ‘heure de vérité mais une aide pour les proches, amis ,connaissances des malades du cancer

N’hésitez, pour les personnes concernées, ou les accompagnants à rajouter des phrases comme çà que vous souhaiteriez ne plus entendre et pourquoi ! Laissez les dans les commentaires

Après, au fil des mois, on essaie de le prendre avec humour, mais ce n’est pas à nous à essayer de comprendre, c’est déjà assez compliqué d’accepter ce qui nous arrive, ce qu’on supporte comme traitements non ?

Et n’oubliez le plus important c’est L’ECOUTE, simplement être là, dire si çà fait longtemps que vous n’avez pas vu la personne, « çà me fait plaisir de te voir »

Pour finir, je vous invite à lire ce lien qui est très bien fait sous forme de bande dessinée LES MOTS QUI BLESSENT  et qui concerne l’entourage, les proches, les amis mais aussi les collègues de travail, le milieu médical

qu’en pensez vous ? avez vous entendu vous aussi des paroles qui vous ont blessé ou démoralisé ?

Et vous l’entourage, comment avez vous trouvé les mots ? Quelles difficultés avez vous rencontré ? 

parlez nous en çà nous intéresse !

7 commentaires sur « Comment ne pas être maladroit avec une personne qui a un cancer ? »

  1. Bonjour,
    Bel article, qui traduit très bien ce que l’on vit…..
    Et en ce qui me concerne le « tu reprends quand le travail ? » est un régulier. Il faut expliquer la fatigue, les baisses de moral, les levers nocturnes réguliers….
    Vivre à mon rythme, faire ce que j’ai envie sans contraintes (ou presque) est une liberté dont j’ai le plus besoin en ce moment.
    Les amis comprenent, et tant pis pour les autres !!
    Bonne journée
    Caroline

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  2. Bonjour caropine et merci pour ton commentaire qui montre encore une fois que peu de gens nous comprennent
    Surtout quand on a fini la chimio pour les gens c est bon tu peux reprendre le boulot voir même pensent que ça te fera du bien au moral! Alors que nous le but c est que ça revienne plus et qu on récupère .
    J ai envie de leur répondre c était pas une grippe et c était pas des antibio que j ai pris
    Enfin vivons notre vie qui a été assez bien gâchée par cette saloperie.
    Bonne journée

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  3. Merci pour cet article
    Personnellement je suis atteinte d’une maladie chronique grave.
    Et, paradoxalement, une de mes amies touchées par le cancer quelques années plus tôt et en rémission a fait partie de mes amies qui ont, le plus, évoqué ce type de messages maladroits.
    Je crois avoir été d’autant plus bouleversée que je ne comprenais pas que cela puisse venir d’elle.
    Comme si, du fait d’avoir elle aussi souffert, lui « permettait » de faire certaines remarques. Comme si elle se sentait « immunisée » par le risque de maladresse du fait d’avoir traverser de lourdes épreuves.
    Alors je le répète … chaque pathologie est différente, sa durée, la lourdeur des traitements, les impacts sur la vie perso et pro … et chaque patient est différent.
    Restons attentif et attentive à ne pas « plaquer » sur les autres notre réalité qui, aussi éprouvante soit elle, reste notre réalité …
    Attention à nos projections …

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    1. Merci pour votre témoignage. La maladie endurcit certaines personnes à tel point qu’elle n’arrive plus avoir d’empathie pour les autres car peut être qu’elle pense que elles seules souffrent ou du moins le plus !
      Je comprends que cela vous a bouleversé. J’ai connu aussi beaucoup de maladresses de certaines personnes même d’amies j’ai essayé de leur expliquer comme çà pouvait me blesser ou leur propos n’était pas bien venu à ce moment là
      certaines le comprennent d’autres non
      La maladie telle qu’elle soit fait du tri!
      Il y a des symptomes ou des maladies invisibles où l’incompréhension est encore plus forte
      Les gens minimisent ou pensent que c’est dans la tête et pourtant elles sont souvent très difficiles psychologiquement à supporter car justement tout le monde pense que vous allez bien

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  4. On dirait que j’ai perdu des amies avec mon cancer. Avant, elles me téléphonaient, m’envoyaient des textos, Dès que je leur ai annoncé que j’avais un cancer du poumon stade 4, silence radio, plus de nouvelles, plus de textos. ¨¨Ça me fait de la peine

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    1. Bonsoir marie Andrée je comprends votre peine . J ai aussi perdu des amies. La maladie fait du tri .parfois c est trop dur pour eux. Mais j en ai fait d autres .et les meilleurs restent. Courage.

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